J’avais une belle vie, mais maintenant, elle l’est encore plus! Je dois dire que j’ai eu de la chance. Jeune adulte, je travaillais dans l’industrie de l’automobile et de l’aérospatiale. Ma carrière démarrait en force, et je songeais à fonder une famille.
Et puis soudainement, le 23 octobre 2005, on m’a diagnostiqué un lymphome diffus à grandes cellules B, une forme de lymphome non hodgkinien (LNH). À l’époque, je travaillais comme ingénieur de conception chez Bombardier Aéronautique et ma carrière était une de mes plus grandes priorités… jusqu’à ce que je mette à avoir des sueurs nocturnes. Vous êtes sûrement en train de penser qu’il vous arrive à vous aussi d’avoir des sueurs nocturnes, mais laissez-moi vous dire une chose : les miennes me réveillaient toutes les nuits, au point où je devais porter un caleçon long pour rester au chaud, parce que les draps étaient toujours constamment trempés! C’était effrayant. J’ai donc pris rendez-vous avec mon nouveau médecin de famille afin de mieux comprendre ce qui se passait. Un soir, à la suite d’une visite à l’hôpital pour passer une tomodensitométrie, j’ai reçu un appel. C’était mon médecin, qui avait tenu à m’annoncer lui-même la mauvaise nouvelle… Au début, malgré ses explications très claires, je n’ai pas trop compris ce qu’était un lymphome. Comme beaucoup de personnes en quête de précisions, j’ai commencé à faire des recherches. Quelques jours plus tard, une biopsie a confirmé les résultats de la tomodensitométrie : c’était bel et bien une forme agressive de lymphome. Étant de nature positive, j’ai appréhendé le diagnostic avec la ferme volonté de vaincre la maladie et de guérir rapidement : dans mon esprit, il n’y avait pas d’autre avenue.
À ce moment-là, je croyais vraiment que je pourrais être guéri après six mois de chimiothérapie. Au bout de multiples rondes de chimiothérapie (environ 12), les médecins m’ont dit que mon corps réagissait bien au traitement, mais que mon LNH continuait de grossir. Au départ, la chimio était très éprouvante. Je passais des semaines sur le canapé sans bouger. Le seul fait de m’asseoir provoquait des migraines insupportables, et manger était tout un défi. Je ne sais plus combien de jours j’ai passés étendu dans mon lit ou sur le divan avec ma chienne, Diva, une femelle labrador couleur chocolat d’un an et de demi plutôt hyperactive, mais heureusement pas trop exigeante. Elle me suivait et se couchait auprès de moi. Elle devait savoir que je n’étais pas capable d’être la personne active que j’avais toujours été, et elle m’a fait comprendre le vrai sens de l’expression « le meilleur ami de l’homme ». C’était vraiment ma meilleure amie. Bien sûr, j’avais aussi le soutien de mes amis et de ma famille, mais comme je passais la plupart de mon temps avec Diva, c’était elle ma principale alliée.
Après une année complète de chimio, confiné à temps plein à la maison (sauf pour les visites à l’hôpital) et toujours pas guéri, je dois dire que mon optimisme en a pris un coup. C’est alors que mon oncologue m’a suggéré de subir une greffe de moelle osseuse. C’était l’une des dernières options qu’il me restait. J’ai finalement eu ma greffe le 10 novembre 2006, et ce fut pour moi le test d’endurance ultime : 33 jours dans une chambre d’hôpital où personne ne pouvait entrer sans d’abord enfiler un masque bleu et une chemise d’hôpital propre. Mon système immunitaire était complètement à plat! La chimio avait été dure, mais ça, c’était encore pire. Je n’avais pas d’énergie, je ne pouvais rien avaler et il n’y avait pas grand-chose pour me remonter le moral. Ce n’est qu’après 14 jours que j’ai vu de la lumière au bout du tunnel, quand ma numération globulaire s’est enfin mise à monter toute seule. Cela voulait dire que les cellules souches de mon frère s’installaient dans ma moelle osseuse et que mon corps commençait à générer ses propres cellules sanguines. C’est le premier signe d’une greffe réussie. L’espoir est aussitôt revenu. Je m’alimentais toujours par intraveineuse et continuais d’avoir très peu d’énergie, mais je savais que mon état allait s’améliorer. Je me rappelle au tout début, quand les médecins et les infirmières m’ont dit que j’allais toucher le fond avant de remonter la pente… et voilà que le pire était maintenant derrière moi! J’ai eu la chance de constater à quel point notre système immunitaire peut être puissant. Par la suite, plus les jours passaient et mieux je me sentais. J’ai pu diminuer graduellement ma médication, et mon corps reprenait des forces. Je savais qu’avec mon « nouveau » système immunitaire, j’avais des chances de vaincre le cancer pour de bon!
En février 2007, les médecins m’ont annoncé, à moi et à ma famille, une nouvelle réjouissante : la greffe de moelle osseuse avait été un succès, et j’étais en rémission! Par chance, mes deux frères étaient des donneurs compatibles, et c’est mon frère aîné, Jonathan, qui a été l’heureux élu. Maintenant, on peut dire que j’ai une petite partie de lui qui m’accompagne en permanence! Je me compte vraiment privilégié d’avoir eu autant de personnes aimantes autour de moi, qui étaient toujours là pour prendre soin de moi. Je leur en suis très reconnaissant et aujourd’hui, je souhaite raconter mon histoire au plus grand nombre de gens possible.
La principale raison pour laquelle j’ai eu la chance d’avoir une greffe de moelle osseuse réussie, c’est qu’il y a 30 ans, des gens comme vous et moi ont uni leurs forces et ont recueilli de l’argent pour permettre aux chercheurs de développer des traitements novateurs et d’améliorer leur connaissance du cancer. Quand on se serre les coudes et qu’on amasse des fonds ensemble, on peut sauver des vies : j’en suis la preuve vivante. Je partage mon histoire pour faire réaliser aux gens toute l’importance des progrès médicaux. Je veux permettre à encore plus de patients atteints du cancer de connaître une issue aussi heureuse que la mienne, et je suis convaincu qu’un jour, un remède sera à la portée de tous.
Aujourd’hui, je suis le fier papa de jumeaux de 4 ans qui sont nés grâce à la technique in vitro le 2 octobre 2012, un peu plus de sept ans après mon diagnostic. Comme dans mon cas, ce sont des avancées médicales qui ont permis à mes enfants de vivre!
Voilà, c’était mon histoire. Je vous invite à la partager, ou à partager la vôtre, avec vos amis et les membres de votre famille. L’espoir est ce qui nous garde en vie, et chaque succès rejaillit sur les autres. Le partage est une chose formidable, mais la vie, c’est encore mieux!
Jay
